Parfois on nous demande pourquoi nous ne sommes pas dans l’eau avec nos participants. Pour ceux qui se demandent si nous avons peur de nous mouiller voici quelques informations ;-)

Dans une piscine peu profonde, avec un petit groupe - et surtout si c'est un cours d'aquabike où l'on est moins immergé que dans un cours d'aquafitness/gym - on peut plus facilement faire le cours dans l'eau avec nos participants. Dans un grand groupe et surtout en eau profonde c'est une autre histoire.

Dans le bassin profond la première raison d'enseigner depuis le bord sera la sécurité de nos participants. En étant nous même immergés dans l’eau jusqu'aux épaules nous n’aurions pas une bonne vision de l’ensemble du groupe et détecterions moins rapidement un éventuel signe de malaise voire de noyade. 

Pour les mêmes raisons nous pouvons moins facilement voir des erreurs de mouvements ou de posture et donc moins bien corriger. 

Lorsque nous sommes dans l’eau nos participants ne voient pas bien notre mouvement sous l’eau. Nous devons donc rester dehors pour pouvoir démontrer. Dans les formats d’entraînement combinant plusieurs exercices enchaînés à la suite la démonstration du coach constitue un repère visuel très utile pour les participants. 

Il ne faut pas sous-estimer cet effet de mimétisme: lorsque je suis un cours d’aquagym en tant que participante j’ai les yeux rivés sur le coach à tel point que si celui-ci lève le bras pour se gratter la tête je me surprends à lever le bras aussi :-)

D’où l’importance de la manière de démontrer des coachs:

Même si nous ne nous mouillons (littéralement!) pas, coacher depuis le bord exige de l'investissement. Pas question de juste se promener le long du bassin en tongs en criant « plus vite plus vite » à nos groupes. Je sais je sais ça fait cliché mais hélas ça existe encore….

Encourager, motiver, corriger tout en tenant compte des aspects suivants:

Montrer à un tempo aquatique

Si un coach montre des mouvements à une vitesse terrestre impossible à suivre dans l’eau cela crée une confusion parmi ses participants avec généralement deux types de conséquences: 

  1. Soit ils essayent à tout prix de suivre le tempo démontré par leur coach ce qui les amène à devoir faire de tout petits mouvements au lieu du mouvement dans toute son amplitude, ce qui entraîne une perte d’efficacité de l'exercice.
  2. Soit ils gardent la bonne amplitude mais vont forcément bien moins vite que ce que leur demande leur coach. Cela crée chez eux le sentiment qu’ils « n’y arrivent pas » et peut les décourager alors qu’ils sont en fait dans le juste!

L’idéal pour un coach est de « sentir » la résistance de l’eau même lorsqu’il démontre sur terre. Lorsqu’on s’entraîne régulièrement dans l’eau on arrive à recréer dans notre imagination la sensation de résistance lorsque l’on démontre les exercices à sec. Si on y arrive on restera toujours dans la marge de tempo possible et on ne risque plus de demander l’impossible!

Montrer en miroir

En tant que coach au bord du bassin face à notre groupe,  notre côté droit devient leur côté gauche. Nous devons montrer les mouvements en miroir.  Quand nous disons « droite » nous devons montrer notre gauche. Mais chaque fois que nous nous retournons pour montrer au groupe le mouvement vu de dos nous devons penser à « switcher », leur droite redevient notre droite. Cela demande une certaine aisance, surtout dans les chorégraphies.

Montrer sur sol dur des exercices faits pour l’eau

En salle de fitness les instructeurs comme les clients sont sur un sol fait pour l’exercice et font tous des exercices "terrestres".

En piscine nous devons démontrer sur du carrelage ou du béton des exercices qui ne sont pas du tout faits pour être faits au sol. 

Des chaussures adaptées sont indispensables. Il existe plusieurs aides telles que la chaise ou l’échelle pour arriver à démontrer avec le plus de précision possible. Nous devons apprendre à préserver nos articulations en évitant de sauter sur les carrelages et aussi à ne pas faire tout le temps les exercices avec nos participants, à part peut-être dans les chorégraphies où le repère visuel est nécessaire pour eux. Et encore: dans les séries plus longues avec des changements moins fréquents le coach peut se permettre de faire des pauses, il ne faut juste pas perdre le fil de la chorégraphie et savoir reprendre là où ils en sont.

Durant mes 10-15 premières années d’enseignement j’ai usé mes articulations à force de sauter et de sautiller. J’étais persuadée (à tort) que si je m’arrêtais mes participants bougeraient moins. Ce n’était que lorsque j’étais enceinte que j’ai commencé à utiliser la chaise! 

Aujourd’hui j’en paie le prix comme de nombreux collègues de ma génération. J’apprends à m’économiser un petit peu…peut-être pas encore assez.

 

Je rêverais d’un aquarium géant dans lequel je pourrais montrer tous les exercices dans l’eau :-) Mes participants verraient tous les mouvements directement dans leur version aquatique. Et cerise sur le gâteau; tout en en enseignant je profiterais aussi des bienfaits de l’eau! 

En attendant que cette idée se concrétise (laissez-moi rêver) vous savez maintenant pourquoi vous nous voyez (presque) toujours au bord de l'eau et non dedans!

 

  

Photo: ce que les coach devraient éviter de faire... (je peux me permettre la critique car c'était moi sur la photo :-)

Aquafitness F.I

NB pour des raisons de facilité de lecture les termes "coach" et "participants" ont été laissés au masculin dans cet article.